Le monde a souvent été à feu et à sang.
L’humanité connait depuis des millénaires, des guerres et des catastrophes naturelles.
Mais ces dernières années, voire ces derniers mois, le monde connait des désastres naturels sans précédent : séismes, ouragans, inondations, fonte des glaciers, incendies…
Des incendies d’une grande vigueur ont laissé notre planète, épuisée, apeurée et affaiblie. Les plus dévastateurs et lourds de conséquences sont ceux qui ont eu lieu en 2019 en Amazonie, aussi appelée le poumon de la planète et en Australie, l’île-continent.
Notre belle planète Terre se meurt à grands feux.
L’Amazonie ou le poumon de la planète
Photo par Sebastião Salgado
L’Amazonie est une région naturelle d’Amérique du Sud, au climat chaud et humide durant toute l’année.
Elle est aussi la deuxième plus grande forêt du monde, derrière la taïga, avec une richesse unique en biodiversité.
Cependant, elle est très menacée. Plus de 17 % de la forêt ont disparu en raison des actions humaines, malgré les efforts constants d’organismes divers, qui œuvrent à sa protection.
Ainsi, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a lancé le Living Amazon Initiative. Il est chargé de trouver des solutions de rechange avec les gouvernements, les entreprises et les communautés locales afin de protéger la biodiversité en Amazonie.
L’UNESCO y a fondé plusieurs réserves de biosphère et inscrit le parc national de Manú, le parc national Noel-Kempff-Mercado et le complexe de conservation de l’Amazonie centrale sur la liste du patrimoine mondial.
Le photographe franco-brésilien, écologiste et humaniste, Sebastião Salgado et sa femme, Lélia Salgado, architecte de formation, ont replanté en quinze ans plus de 2,5 millions d’arbres grâce à leur projet Instituto Terra.
En effet, sur la propriété familiale transformée en réserve nationale, plus de 297 espèces se réinstallent au fur et à mesure que la forêt mûrit, et que la chimie du sol se transforme : les jaguars, les papillons, les caïmans, plus de 170 espèces d’oiseaux, et des singes…
Un laboratoire de semences, un centre écologique éducatif avec réfectoire, chambres, salles de classe, théâtre-cinéma et un même petit musée, ont vu le jour sur cette nouvelle terre promise.
Photo par Sebastião Salgado
Des gardes forestiers, des techniciens agricoles viennent y compléter leur formation. On accueille des étudiants et des professeurs pour les sensibiliser au respect de la nature. De jeunes écoliers aussi, dans le cadre de Terrinhas (petites terres), un programme éducatif qui veut faire des enfants de fermiers et de maires des environs des « passeurs » du message écologique.
Photo par Sebastião Salgado
Pourquoi le poumon de la planète brule-t-il ?
Qui a brûlé la forêt amazonienne ?
Question taboue à laquelle il n’est pas évident d’apporter une réponse.
« Une forêt tropicale n’est généralement pas inflammable » à cause de son humidité, dit Jeffrey Chambers, un spécialiste des forêts tropicales et chercheur au Laboratoire National Américain Lawrence Berkeley.
Cependant, « dans les tropiques, pas seulement en Amazonie, le feu est très utilisé pour la gestion des terres », poursuit-il. « C’est comme cela que les gens se débarrassent des déchets agricoles, et en général les feux ne rentrent pas dans les forêts. »
Mais, quand une forêt est défrichée, les troncs sont emportés et le reste de la végétation est brûlé sur place, pendant la saison sèche qui dure de juillet à novembre. Pour les terres agricoles ou les prairies, la végétation et les mauvaises herbes sont également entassées, en attendant la saison sèche. C’est ce qui a brûlé dernièrement.
Les autorités s’en sont aperçus en croisant la localisation des feux avec la carte de la déforestation, suivie de près par satellites. « Et voilà, il y a une très forte corrélation entre la déforestation et les points de chaleur de cette année », confirme Ane Alencar, directrice scientifique de l’institut de recherche environnementale sur l’Amazonie (IPAM).
Néanmoins, les conséquences de ces incendies sont terribles.
En effet, “les rares investigations scientifiques sur ce thème montrent que la forêt amazonienne est devenue plus inflammable depuis quelques décennies”, poursuit BBC Mundo. Ces recherches font notamment état d’une plus grande sensibilité de la forêt au feu, en raison des incendies qui se sont déjà déclarés précédemment, comme l’explique un spécialiste britannique.
De plus, comme le mentionne le chercheur François-Michel Le Tourneau, « en France, on a 50 espèces, et en Amazonie on en a 1 200… On n’a pas encore inventorié toutes les plantes et tous les animaux de la région amazonienne. C’est pour ça que c’est embêtant qu’on détruise autant de parcelles de l’Amazonie : c’est comme si on brûlait des bibliothèques sans avoir lu les livres qu’il y a dedans. »
Australie, le pays-continent
De l’Australie, on dit que c’est une terre rouge située à l’autre bout du monde. Des forêts luxuriantes y abondent. Elle est bordée par le bleu de trois océans (Austral, Pacifique et Indien). Elle comprend 4 principaux climats (tempéré, désertique, subtropical et tropical).
Avec environ 7,7 millions de km2 pour plus de 25 millions d’habitants, l’Australie est un vaste pays, un pays continent.
Ses principales grandes villes se regroupent sur le littoral. Ainsi, en son centre, à l’intérieur des terres, se trouvent d’immenses étendues inhabitées.
L’île continent se consume
En cinq mois l’Australie a vu bruler 10 millions d’hectares de ses forêts. Certes, chaque année, il y a des feux de brousse qui démarrent en décembre jusqu’à avril. Cependant, en 2019, ils ont commencé très tôt suite à une grande sécheresse. Il y a eu des très gros feux, difficiles à éteindre par les pompiers.
Mais pour que la forêt s’embrase, il faut qu’il y ait des flammes, et avant cela, une étincelle. Au vu du nombre de points d’ignition qui se trouvent sur le sol australien, on peut se demander comment la flamme se crée et comment elle se déplace.
Comment se forment les feux d’origine naturelle
1 – La foudre localisée
Les orages secs, sans pluie, sont propices aux départs d’incendie. En général, la foudre frappe un endroit bien précis. Elle est probablement à l’origine des tous premiers grands foyers.
2- Les orages de « feu »
Les feux de forêt en Australie sont si intenses (leur fumée a été repérée au Chili, à 12 000 km de là ) qu’ils génèrent leurs propres phénomènes météorologiques, les « orages de feu » aux éclairs dévastateurs. Comment ? Les grands incendies provoquent une chaleur extrême et un grand panache de fumée qui, en s’élevant dans le ciel, interagit avec l’humidité de l’air pour former un nuage. « Les chocs des particules de glace situées dans les parties supérieures très froides de ces nuages provoquent une accumulation de charge électrique, qui est libérée par des éclairs géants », explique le bureau météorologique australien. Ces orages ont tendance à être accompagnés de très peu de pluie de sorte que quand la foudre frappe le sol, très sec, cela génère de nouveaux incendies dans les environs.
3 – Le vent
Les incendies peuvent aussi projeter des braises jusqu’à 30 kilomètres au-delà de l’endroit où l’orage s’est produit. Et les nuages peuvent aussi produire de puissants courants ascendants et des « rafales descendantes » générant des vents extrêmement violents pouvant attiser les flammes existantes.
Comment l’homme met le feu malencontreusement à la nature
1- Le réseau électrique vétuste
Une étincelle peut se former avec un court-circuit. Il suffit d’un peu de vent pour chanceler deux lignes électriques avant que celles-ci ne s’entrechoquent. En Californie, le réseau électrique vieillissant a été jugé responsable de la gravité des incendies en 2017.
2- Le réseau ferroviaire
De nombreuses lignes de trains longent les routes qui traversent ou contournent de grands parcs naturels. « Le frottement des roues en métal contre les rails crée une étincelle, qui, confrontée à une végétation extrêmement sèche, permet un embrasement instantané », explique Dominique Morvan, spécialiste de la physique des feux et enseignant-chercheur à l’Université Aix-Marseille. En d’autres termes, les trains sont des briquets sur roues.
3 – Le trafic routier
A l’instar des trains, les véhicules qui circulent sur la chaussée peuvent entraîner la formation d’incendies, par l’ignition causée par le frottement des freins par exemple. La nuit au bord des routes et des rails, il est possible d’observer des petites braises sur des milliers de kilomètres.
L’impact climatique, le serpent qui se mord la queue
Il est très tentant de rester sur les causes citées ci-dessus et ne pas entrer au coeur du problème car trop inquiétant et alarmant. Mais regardons la situation en face.
Parce que le climat se réchauffe, la saison des incendies s’allonge. En effet, l’augmentation des températures a un impact majeur sur les incendies, car plus il fait chaud, plus la végétation s’assèche, permettant une propagation plus rapide des feux. Les températures plus élevées entrainent la réduction du manteau neigeux et le manque d’approvisionnement en eau créent un environnement plus inflammable, susceptible d’accroître la gravité, la fréquence et l’étendue des incendies.
« La saison favorable aux incendies augmente de 1 à 2 jours par an : cela paraît peut-être peu, mais sur 50 ans ça finit par être important » nous confirme Thomas Curt, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea).
En effet, « un air plus chaud est synonyme de végétation plus sèche, plus inflammable. Ces conditions météorologiques augmentent aussi l’intensité des feux ».
En plus de la destruction en masse de la faune et de la flore donc de la destruction de la biodiversité, sans compter les pertes humaines, un autre danger menace.
En effet, les forêts contiennent du carbone stocké dans les arbres et la végétation: de l’ordre de 459 tonnes par hectare en Amazonie, dit Diego Navarrete, de l’ONG The Nature Conservancy.
Quand on coupe un arbre, le carbone finit par repartir dans l’atmosphère à la fin du cycle d’utilisation de ce bois, quand il se décompose. Quand on brûle immédiatement la végétation, comme actuellement, ce carbone repart immédiatement dans l’atmosphère. Dans les deux cas, le carbone sera relâché.
Il suffit de faire la multiplication pour réaliser que la facture des derniers mois atteint déjà des centaines de millions de tonnes de carbone.
Alors, je vous invite à faire un autre calcul. A la vitesse où l’état de notre planète Terre se dégrade, quel monde allons-nous transmettre aux générations futures, à nos enfants ?